Médicaments à l’hôpital : pourquoi et combien on jette ? Les résultats.

Les professionnels de santé ont pris les devants et adoptent une approche de vérité. Plus de 1 000 professionnels ont évalué durant 7 jours les médicaments éliminés, en volume, en valeur euros et en poids carbone, car en effet, sans mesure, pas d’amélioration possible. Les résultats sont significatifs. Les 210 établissements de santé participant à cette étude ont jeté sur 7 jours : 250 000 UCD pour une valeur de plus de 700 000 euros, plus de 2 tonnes, et 122 tonnes CO2eq. Ces résultats sont inédits mais n’indiquent qu’une tendance. Cette enquête est portée par le C2DS et le RésOMEDIT.

3 raisons principales :

1/ Plus de la moitié des médicaments éliminés sont périmés.

La sécurité des médicaments est donc parfaitement assurée. Une bonne nouvelle pour les patients. Un volume incompressible de médicaments demeurera au regard de la mission de l’hôpital, ouvert 24/24, en charge de la sécurité sanitaire. La question est comment réduire le nombre de médicaments périmés ?

2/ Un quart sont des traitements de ville de routine apportés par le patient lors de son hospitalisation et qui sont éliminés par l’hôpital.

La sécurité avant tout : le pharmacien hospitalier n’a pas la garanti que le patient ait conservé correctement ses médicaments et ne peut pas les dispenser.

3/ Les médicaments encore consommables ne sont pas remis en stock de la pharmacie hospitalière.

Ce sont principalement ceux qui ne disposent pas d’un conditionnement unitaire. Ce conditionnement unitaire n’étant pas disponible pour les hôpitaux en France, l’équipe de la pharmacie, à condition d’être en nombre suffisant, de disposer du temps et du matériel nécessaires, doit procéder à un découpage, un sur-étiquetage ou un sur-conditionnement des médicaments afin que chaque unité dispose de la traçabilité règlementaire.

Des solutions

  • Environ un quart des solutions sont dans les mains des établissements : optimiser encore les stocks et le circuit du médicament, aussi mettre en place un dispositif d’alerte sur les médicaments onéreux proches de la péremption (ex : antidotes, facteurs de coagulation) et les inscrire sur une plateforme numérique régionale à créer pour permettre leur utilisation par un autre établissement… et retrouver l’esprit d’entraide du Covid.

L’aide des industriels est attendue sur la mise à disposition d’un conditionnement unitaire (demande historique du secteur). Les établissements participant à l’enquête disposent d’un rapport d’analyse précis de leurs données, et de leurs mises en perspective (moyennes nationales, par typologie d’établissement), remis par leur OMEDIT. Ils peuvent construire leur feuille de route. Les médicaments représentent environ 30 % de l’empreinte carbone de l’hôpital : réduire ses déchets de médicament réduit mécanique cette empreinte. Enfin, ces données permettent également d’ouvrir une réflexion avec le corps médical sur la déprescription ou l’écoprescription.

  • Pour environ un quart, les solutions sont à rechercher dans une meilleure fluidité entre la ville et l’hôpital. Une réflexion doit s’engager avec l’ensemble des parties prenantes concernées par le sujet.
  • Et pour environ une moitié, des solutions sont dans les mains des industriels en allongeant les durées de conservation, prioritairement des médicaments onéreux, afin de repousser les dates de péremption.

Les résultats de cette enquête sont un point de départ d’action pour chacun : établissements, pouvoirs publics, Assurance maladie, et industriels.

Les établissements de santé sont prêts si l’engagement coordonné des pouvoirs publics et des industriels est au rendez-vous.

La méthodologie du recueil est disponible auprès des OMEDIT et du C2DS. En revanche, l’enquête nationale 2025 est close. Une nouvelle ouvrira en 2026.

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