CLUB PHARMACIE
Des changements menés plein gaz !

À la clinique Juge, les référentes RSE ont réussi à se débarrasser des gaz anesthésiants les plus polluants et à diminuer de 90% le volume des Dasri.
Engagée depuis 2019 dans une démarche RSE, la clinique s’est attaquée au remplacement des gaz anesthésiants les plus polluants.
« Notre cœur de métier, c’est le bloc opératoire. Dans nos 18 salles de bloc, nous recevons 22 000 patients par an », précise Élodie Duquet, attachée de direction et responsable qualité et gestion des risques, co-référente RSE avec Armelle Parisse, DRH. « Lorsque nous avons fait le bilan des émissions gaz à effet de serre (BEGES) dit aussi Bilan Carbone®, ce qui ressortait en priorité, c’était l’importante pollution émise par deux gaz anesthésiants en particulier : le protoxyde d’azote et le desflurane. En 2022, l’établissement en consommait 475 tonnes d’équivalent CO2 rejeté dans l’atmosphère. Une quantité non négligeable pour une structure telle que la nôtre. » L’objectif était donc de les remplacer par des gaz moins polluants.
Groupe pluridisciplinaire
Les deux référentes appréhendent dans un premier temps l’accueil des anesthésistes. « Tous nos praticiens sont libéraux. Leur faire accepter un changement de pratique semblait compliqué. Nous avons donc élaboré un groupe de travail pluridisciplinaire (médecins, anesthésistes, IAD, infirmiers de bloc, direction…) pour échanger sur les pratiques : à quoi servent ces gaz, peut-on les remplacer, par quoi… En tant qu’acteur de la santé, c’est en ciblant ce type d’action qu’on s’engage vraiment dans la RSE et qu’on implique les praticiens. »
Le groupe épluche les recommandations, les études, regarde ce qui se fait dans les autres établissements. « On s’est aperçu que les anciennes générations utilisaient beaucoup ce genre de gaz, mais finalement, on a rencontré peu de difficultés à organiser le changement. La plupart des anesthésistes étaient déjà au fait des recommandations de la SFAR et avaient revu leur protocole. » Le protoxyde d’azote a été remplacé par des anesthésiants d’autres familles comme le propofol, et le desflurane par le sévoflurane, qui émet 20 fois moins de gaz à effet de serre.
« Depuis, on est redescendu à un peu moins de 150 tonnes d’émissions de gaz tous confondus au bloc opératoire, soit 4 fois moins en équivalent CO2. Donc, on est plutôt fier de cette action. Et je pense que c’est accessible à la plupart des blocs opératoires. » En cours de discussion : l’installation de capteurs pour éviter le rejet des effluents gazeux du sévoflurane dans l’atmosphère. En attendant, des prises Sega captent les halogénés au niveau du bloc opératoire.
Limiter les Dasri
Les référentes RSE se sont aussi attaqué au tri des Dasri (Déchets d’activités de soins à risques infectieux). « Nous savions que le projet allait être plus difficile à mettre en place parce qu’il concerne plus de monde… et que certains ne voient pas l’intérêt de changer quoi que ce soit », explique Élodie Duquet. Pourtant, là encore, le message est passé. « De 26,5T en 2023, le tonnage des Dasri est descendu à 5T en 2024, soit une réduction de 90% des déchets en moins d’un an et demi ! Nous avons engagé un gros travail avec les praticiens et la direction achats du groupe Almaviva sur la refonte des packs (ophtalmo, ortho…) utilisés au bloc opératoire. » Objectif : n’y inclure que ce qui est réellement consommé. « On ne va pas mettre le double de compresses alors qu’on n’utilise en général qu’un seul paquet. C’est une analyse fastidieuse et en continu, mais qui au final permet d’éviter beaucoup de gaspillage. »
Le tonnage des DASND (déchets non dangereux), les fameux « sacs noirs », est passé lui de 191T en 2023 à 124T en 2024, malgré une augmentation conséquente des déchets cartons, passés dans le même temps de 217 000l à 246 000l. « Au final, c’est le fait d’avoir mis en place une filière de tri des cartons qui a permis de diminuer fortement les DASND », explique Élodie Duquet, qui conseille vivement à tous les établissements de faire de même. Histoire de cartonner au niveau de la réduction de déchets !

7 filières de tri… et bien d’autres à créer
Bio-déchets, piles, mégots… en tout, près de 7 filières sont organisées à la clinique Juge. « Et on est en discussion pour la récupération et le tri du cuivre » En revanche, pas de piste en vue pour le plastique et les ampoules en verre, tout comme les MNU (médicaments non utilisés) et les Dimed (déchets issus des médicaments) qui finissent encore en DASND. « Et on a gardé un OPCT (collecteur de déchets piquants, coupants, tranchants) dans les salles d’opération. » Il reste encore beaucoup à faire. À commencer par la création de nouvelles filières au niveau des collecteurs de déchets.
