CLUB QUALITÉ – CALYDIAL (69)

RSE : innover, c’est un peu transgresser !

Quand les collaborateurs d’un établissement de santé s’approprient la démarche RSE, les idées fusent et les actions se mettent en place. Chez Calydial, on y veille tout en prenant soin de pérenniser ces innovations.

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Comment capter l’attention des salariés dans le journal interne ? Inventons des mots croisés ! Les informations descendantes ne captivent pas ? Organisons des échanges en petit groupes autour d’un jeu de cartes ! Pour sensibiliser ses pairs au développement durable, Anne-Laure Camarroque, responsable projets et RSE chez Calydial (1), n’est jamais à court d’idées. « La RSE, plutôt qu’un résultat à obtenir, c’est une démarche visant à s’améliorer au quotidien en terme de développement social et de respect de l’environnement. Si ça émane uniquement de la gouvernance, ça ne fonctionne pas. Il faut que chaque collaborateur soit sensibilisé afin de pouvoir s’approprier ce processus. Au point que dans chacune des actions qu’il engage, il se demande : quel va être l’impact en terme de RSE ? Presque comme un réflexe… »

(1) Établissement de prévention et de santé rénale privé solidaire avec une activité historique de dialyse, env. 150 salariés.

Premier levier : informer et donner envie

Pour initier cet engagement au niveau individuel, Anne-Laure Camarroque s’appuie sur de nombreux outils :

  • Campagnes de communication organisées à l’échelle nationale ou locale : journées de l’eau, de la dépollution, de la qualité de l’air… « Pour faire prendre conscience du changement climatique, de la déforestation, l’impact écologique de nos actions… et faire connaître notre projet d’établissement, on peut rebondir sur ces événements qui se comptent par dizaines. »
  • Diffusion de l’information par le biais de la rubrique RSE du journal interne.
  • Recours aux « nudges », ces petits éléments visuels qui peuvent influencer les comportements. « Par exemple, on a mis des autocollants en forme de pulls autour des programmateurs de chauffage… »
  • Sensibilisation via les ateliers collaboratifs de la Fresque du climat : « 50% de nos salariés ont été formés dans l’objectif de créer une culture commune. Les retours des questionnaires de satisfaction sont excellents ! Cette année, on réfléchit à déployer le Plan Health Faire pour les nouveaux arrivants ou ceux qui n’ont pas pu être formés, pour avoir une approche plus opérationnelle. »
  • Partage des ordres de grandeur issus du bilan carbone. « Les soignants n’ont pas forcément intégré ces notions-là. Or nous, à la dialyse, on a un fort impact avec les achats, mais aussi les transports qui pèsent lourd dans notre bilan carbone. »
  • 30 mn de sensibilisation à la RSE dans notre journée d’intégration.
  • Partage d’informations lors des copil RSE.

Construire un récit positif

Informer, c’est bien, à condition de donner un cap. « Beaucoup de gens sont dans la paralysie émotionnelle quand ils prennent conscience de l’ampleur du défi. Ils peuvent se dire : ça ne sert à rien, c’est trop gros pour nous. L’idée, c’est de créer un récit positif en mettant en valeur le fait que la RSE, c’est une amélioration des pratiques, une libération de l’inutile, des actes simplifiés. Elle permet aux soignants de se recentrer sur l’essentiel. » Et mettre l’accent aussi sur le partage des pratiques. « En parlant avec les soignants, j’ai constaté que beaucoup ne savent pas ce qui se passe dans les autres établissements en DD. D’où l’importance de diffuser en interne les informations de C2DS. En néphrologie, le Guide des bonnes pratiques pour une dialyse verte (www.sfndt.org) recense de nombreuses actions concrètes qui peuvent donner envie de s’engager sur le plan individuel et collectif. »

La meilleure alliée du DD : la prévention

« Il ne faut pas oublier, en amont, la prévention », insiste Anne-Laure Camarroque. « On n’a pas de soignant identifié « prévention » dans les établissements de santé… Pourtant, c’est très important. Si on regarde les effets de la dialyse par exemple : les coûts pour la Sécurité sociale sont très élevés, la qualité de vie des patients est diminuée et le coût environnemental est énorme en consommation d’eau, d’énergie, de déchets, etc. La première action qu’on a à faire en DD, c’est la prévention, c’est ce qui va avoir le plus d’impact sur toute la ligne. »

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Niveau collectif : encourager à penser hors du cadre

Comment faire pour qu’au niveau collectif, les salariés proposent des évolutions de l’organisation ? « Le sociologue Norbert Alter dit que l’innovation est une transgression. Pour permettre l’innovation, il faut donner suffisamment de liberté de pensée à nos équipes pour qu’elles osent se projeter hors du cadre. Par exemple, au lieu de se concentrer sur l’organisation du brancardage pour un patient qui va se faire opérer, on pourrait se dire : mais en fait, ce patient peut venir debout jusqu’au bloc. C’est penser différemment les étapes du soin et notre activité quotidienne, les matériels à utiliser… » Tout le monde peut contribuer : les infirmiers, les médecins, les aides-soignants, les représentants des patients, le COPIL RSE… Il est ensuite important de bien réfléchir aux actions à prioriser : sur le long terme versus des actions « quick wins » (dont on voit les effets rapidement) ; les actions réglementaires, comme la gestion technique des bâtiments, versus celles plus innovantes ; ou encore des actions à fort impact environnemental versus celles qui diminuent la dissonance cognitive des salariés. « Par exemple, les déchets en dialyse ne représentent que 6 % de notre impact carbone, mais ils sont très volumineux, et c’est un irritant pour les infirmiers qui les manipulent au quotidien. Leur gestion est donc souvent priorisée dans la démarche DD. »

Institutionnaliser les actions pour garantir leur pérennité

Afin que ces actions puissent se déployer de façon transverse, durable et collective (pas uniquement liées à la présence d’un référent DD ou à l’action de quelques-uns), elles sont intégrées au process qualité (roue de Deming). « Chez Calydial, la RSE est inscrite dans le plan stratégique, détaillée dans un plan d’action pluriannuel, puis déclinée dans les plans d’actions des comités et intégrée au PAQSS(2). La clé pour s’ancrer dans la réalité est de retranscrire les changements dans nos normes, nos procédures (ex : achat). La dernière étape pourrait être une certification ou une labellisation. »

(2) Programme d’Amélioration de la Qualité et de la Sécurité des Soins.

Rendre les actions visibles

« On a listé les thématiques sur lesquelles agir : gouvernance (structuration, communication, formation), mobilité, déchets, eau, achats, informatique, médical (prescriptions). On a regardé sur quatre ans sur quoi on veut travailler de manière à garantir une progression et un suivi pour atteindre l’objectif. Au fil des ans, le nombre d’actions se développe et mon temps imparti à la RSE reste le même, preuve que les relais sur le terrain sont de plus en plus opérationnels », se réjouit Anne-Laure Camarroque.

Le dernier levier : avoir de bons indicateurs à suivre !

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Les défis restent nombreux !

« Nous rencontrons des difficultés bien sûr. La dernière en date a été de recruter des référents RSE puisqu’il n’y a eu qu’une seule candidature. Même s’ils ont plein d’idées, nos collègues ne veulent pas porter cette étiquette. » Pas simple non plus de distinguer dans les plans d’actions des comités ce qui appartient ou non à la RSE. La prévention peut en faire partie, comme les achats de dispositifs médicaux, les actions pour la qualité des soins… « Une autre difficulté consiste à intégrer la partie RH/Qualité de vie au travail dans les copil RSE car ce ne sont pas toujours les mêmes acteurs que ceux du DD, ni la même temporalité, ni les mêmes enjeux. J’ai l’impression de devoir faire parfois des copil dédiés à l’environnement et d’autres à la RH/QVCT. » Alors que c’est un sujet fondamental de la RSE ! Ou l’art subtil d’accorder de multiples paramètres au service du bien-être des patients, des salariés et de la planète.  

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