Le C2DS, l’agence Primum Non Nocere® et BVM communication travaillent avec un millier d’établissements sanitaires et médico-sociaux. Du 17 au 27 avril, la parole de 2 247 professionnels de santé a été recueillie.

Le questionnaire s’est attaché à faire émerger les forces du système de santé qui lui ont permis de résister à cette crise pandémique plutôt que de pointer des lignes de rupture déjà identifiées.

Les professionnels de santé et de la dépendance veulent des établissements exemplaires

Les professionnels de santé sont inquiets et fatigués mais pas résignés. Leurs réponses témoignent d’une grande confiance en leur force et leurs capacités. Ils se sentent utiles et à leur place. Experts de terrain, impliqués et éclairés, ils sont prêts à agir et ont des idées. Presque 90 % des répondants souhaitent que les établissements sanitaires et médico-sociaux deviennent exemplaires concernant leur gestion des déchets, des transports, de la consommation d’énergie, de la qualité de vie au travail, etc., et autant sont favorables à ce que l’obtention de financements incite les établissements à respecter des critères environnementaux, sociaux et sociétaux. Depuis la tourmente où ils se trouvent, ils veulent redonner du sens à leur métier.

Les professionnels de santé ressentent un immense besoin de s’exprimer
Alors que le système de santé est en tension, 2 247 professionnels de santé, dont 62 % exercent dans un établissement qui accueille des patients atteints du Covid-19, ont pris le temps de partager leurs émotions, idées, attentes. 98 % des répondants ont rempli le questionnaire dans sa totalité et noirci abondamment les cases « commentaire » : 12 000 mots et autant d’idées ont été recueillis.

Un corps globalement à l’unisson
D’une manière générale peu de différences sont notées dans les réponses selon les métiers et les secteurs public/privé.

Les professionnels de santé ont foi en leur force et font corps

63,6 % des professionnels de santé répondants ne se sentent pas résignés (pas vraiment ou pas du tout).

83,2 % d’entre eux se sentent à leur place et utiles (tout à fait ou plutôt).

Concernant les forces révélées par la crise, les répondants ont le plus fréquemment cité la capacité collective de réorganisation (79 %), l’entraide entre collègues (68,1 %), et l’utilité de chacun dans la chaîne de prise en charge (65,9 %).

Impacts environnementaux, responsabilité sociale et sociétale : ils veulent agir !

81,5 % des répondants considèrent que la crise a révélé de façon criante ou assez criante l’insuffisance d’éducation en santé de la population.

57,6 % des professionnels de santé pensent que la crise va créer les conditions d’un changement positif du système de santé.

91 % des répondants sont d’accord pour conserver cette dynamique, notamment d’inventivité, à l’œuvre durant la pandémie (tout à fait/plutôt).

24,7 % ont répondu la peur que rien ne change après la pandémie, raison invoquée en numéro 2, juste après la peur du risque de contamination.

87,7 % des répondants souhaitent que les établissements sanitaires et médico-sociaux deviennent exemplaires concernant leur gestion des déchets, des transports, de la consommation d’énergie, de la qualité de vie au travail... Ils sont 93,7 % à vouloir agir ou agissent déjà en ce sens.

69,4 % considèrent que c’est le rôle des professionnels d’être inventifs, et 71,3 % sont surpris par autant d’inventivité.

Une mobilisation collective pour accélérer la transition écologique et solidaire

  • Se réinventer

Lacrise sanitaire a révélé de nombreux points de rupture du système de santé français mais elle a aussi mis en lumière la force de ses acteurs de terrain. Les résultats de ce sondage montrent qu’ils sont inquiets et fatigués mais prêts à se « réinventer ». Ils viennent de faire la démonstration d’une immense capacité au changement et déclarent majoritairement souhaiter agir immédiatement pour transformer leur établissement vers un modèle plus soutenable !

  • Trois premières propositions

Initiative n°1 – immédiatement, promouvoir les équipements de protection à usage multiple et fabriqués sur notre territoire à l’heure où les établissements sont dans l’incapacité de gérer l’accroissement colossal des déchets à risques infectieux.

Initiative n°2 – selon un calendrier précis, décarbonner le secteur sanitaire et de la dépendance : développer des circuits courts et favoriser l’économie circulaire, repenser les transports, optimiser les déchets, etc.

Initiative n°3 – lutter contre les bactéries multi-résistantes : 38 % des antibiotiques et 73 % des produits antimicrobiens dans le monde sont destinés aux animaux d’élevage. L’OMS estime que l’antibioresistance pourrait tuer 10 millions d’humains tous les ans, si rien n’est fait, d’ici 2050 alors qu’elle cause déjà 12 500 morts par an en France.

  • Que voulez-vous retenir de la crise ?

Voici quelques commentaires. Retrouvez une plus large sélection dans le rapport complet à télécharger ci-dessous.

« Le manque récurrent de matériel. »

« On ne peut rien réussir seul. »

« Couple de soignants, sur le terrain et exposés, avec 2 enfants en très bas âge, nous nous sentons épuisés et avons peur de ce qui va se passer si nous tombons malades en même temps. Qui va s’occuper de nos enfants ? »

« Fracture et inégalités sociales, l’absence de décisions sur nos modes de consommations et la protection de l’environnement. »

« La reconnaissance par des remerciements en lieu de l’amélioration de conditions de travail. »

« Ma propre santé et celle de mes proches. »

« La formidable solidarité, la disponibilité des personnels, la capacité de se réorganiser en un temps record. »

« Oser la nouveauté… Penser le patient en premier lieu avant de penser la stratégie politique de l’établissement. »